COP22 : heure du bilan


Lundi 21 Novembre 2016

Essentiel à retenir sur les 15 jours de négociations de la COP22


Séance de clôture de la COP22

Ouverte du 7 au 18 novembre 2016 à Marrakech, la 22e conférence des parties de Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22) a réuni près de 22 500 personnes dont  environ 500 Chefs d’Etats ou de gouvernements et ministres. Elle a également accueilli la première réunion du principal organe de direction de l’Accord de Paris, entrée en vigueur le 4 novembre. Le bilan et les perspectives de cette grande Conférence sur le climat ont répondu aux attentes, selon les organisateurs.

« Je tiens à rendre hommage au Gouvernement marocain et au Président de la Conférence, M. Salaheddine Mezouar, pour leur succès remarquable. La COP22 a été ce qu’elle devait être, une COP d’action qui a accéléré les progrès réalisés dans le cadre de l’Accord de Paris au niveau de la finance, de nouvelles initiatives, de l’ambition et de la solidarité entre les nations et les continents », a déclaré Mme Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC).

Pour M. Salaheddine Mezouar, président de la COP22, le Royaume du Maroc est pleinement engagé dans le succès de cette COP et remplira son rôle de présidence énergiquement.

«Aux résultats de ces quinze jours, notre vision a été consolidée et nous travaillons pour des progrès concrets, et pour faire aboutir des actions révolutionnaires jusqu’à la fin de 2017. Il sera nécessaire de respecter l’engagement des 100 milliards de dollars d’ici à 2020. Face à la magnitude de ce qui est requis pour faire face aux impacts du changement climatique, passer des millions aux milliards est indispensable. 2017 doit être l’année des projets de grande envergure, de la mobilisation des financements, et de l’accès aux services financiers qui seront nécessaire à l’adaptation », a-t-il faire savoir.

Fréquence Mistral vous propose les grands points du bilan de la COP22 :

Résultats principaux et initiatives

Le règlement

L’avancée sur la rédaction du règlement (ou manuel d’opération) de l’Accord de Paris est un résultat essentiel de la conférence climatique de Marrakech.

L’accord appelle à un renforcement important de la transparence de l’action, y compris en ce qui concerne la mesure et la comptabilisation des réductions d’émissions, la mise à disposition de financements climatiques et le développement et le transfert de technologies.

Il comprend également des travaux de conception de communication pour l’adaptation, principal vecteur de l’Accord de Paris pour partager les efforts individuels d’adaptation et les besoins d’appui.

Les pays ont fait preuve de détermination à propos du règlement, et ont fixé la date anticipée de 2018 pour son achèvement. Les pays ont déjà établi la base de ce travail en évaluant les actions de chacun visant à réduire les émissions, entre pairs, grâce à un processus transparent qui a débuté en 2014.

Évaluation multilatérale

À la COP22, sept pays en développement ont présenté des mises à jour et se sont ouverts à l’examen par leurs pairs de la manière dont ils évoluent vers une économie bas carbone.

Cette démarche s’inscrit dans la mise en place d’un système de suivi, de vérification et de communication des mesures, et ouvre la voie à une plus grande ambition dans le cadre de leurs plans d’action climat, appelés Contributions déterminées au niveau national (NDC, selon le sigle en anglais).

Initiative de renforcement des capacités pour la transparence

Au cours de la COP22, le Fonds pour l’environnement mondial  (FEM), un organisme de financement multilatéral, a annoncé une initiative de renforcement des capacités pour la transparence soutenue par 11 pays développés donateurs à hauteur de 50 millions de dollars de financements.

Partenariat NDC

La mise en œuvre des plans d’action climat a également été stimulée par le lancement du Partenariat NDC , une coalition de pays en développement et développés et d’institutions internationales qui collaborent dans le but de s’assurer que les pays reçoivent le soutien technique et financier dont ils ont besoin pour atteindre rapidement leurs objectifs en matière de climat et de développement durable.

Progrès accomplis par les gouvernements

Les gouvernements ont fait des progrès dans des domaines clés de l’action climatique, dont les financements en faveur du climat, l’adaptation, le renforcement des capacités, la technologie et la réactivité aux questions de genre. Voici un aperçu:

Financements climatiques

– Les pays ont promis plus de 81 millions de dollars au Fonds pour l’adaptation, dépassant ainsi son objectif pour l’année.

– Les pays se sont engagés à verser plus de 23 millions de dollars  au Centre et Réseau des Technologies Climatiques (CTCN, selon le site en anglais), qui soutient les pays en développement en matière de développement et transfert des technologies climatiques. En tant qu’entité de mise en œuvre du Mécanisme Technologique, le CTCN est une institution clé pour permettre aux pays de réaliser leurs engagements en vertu de l’Accord de Paris.

– Le Fonds vert pour le climat (GCF, selon le sigle en anglais) a annoncé l’approbation des deux premières propositions de formulation de plans nationaux d’adaptation, pour le Libéria hauteur de 2,2 millions de dollars et pour le Népal à hauteur de 2,9 millions de dollars. Il est attendu que 20 autres propositions de pays soient bientôt approuvées, bénéficiant chacune d’un maximum de 3 millions de dollars.

– Globalement, le GCF est sur la voie de l’approbation 2,5 milliards de dollars à allouer aux projets.

Adaptation

– L’initiative Adaptation de l’Agriculture Africaine , qui regroupe 27 pays participants, a montré comment l’eau, le sol, la gestion des risques climatiques, le financement des petits agriculteurs et les Objectifs de développement durable (ODD) sont traités avec un objectif global d’avancement de l’adaptation.

Pertes et préjudices

– Un nouveau cadre quinquennal au sein du Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices (WIM, selon le sigle en anglais) traitera des impacts qui ne sont pas pris en compte par l’adaptation planifiée, y compris le déplacement, les migrations et la mobilité humaine ainsi que la gestion globale des risques.

Renforcement des capacités

– Une autre d’action climatique accélérée s’est manifestée par la mise en œuvre par les pays du Comité de Paris sur le renforcement des capacités. Il contribuera à renforcer les capacités en matière d’action climatique dans les pays en développement. Les membres du comité ont été élus et les travaux seront entrepris en mai 2017.

Technologie

Au cours de la COP22, les gouvernements ont appris qu’en 2016, plus de 30 projets de réduction des émissions avec des objectifs de transfert de technologie ont été approuvés par le FEM, bénéficiant de 188,7 millions de dollars en financement du FEM et 5,9 milliards de dollars de cofinancement.

Questions du genre

Quinze ans après la première décision sur la question des femmes et du genre dans le cadre de la CCNUCC à la COP7 Marrakech, les gouvernements ont franchi une nouvelle étape importante vers la réalisation de leurs objectifs en matière d’égalité des sexes et de politique climatique sensible au genre en acceptant un programme de travail élargi qui comprend, entre autres, la société civile et les entreprises.

Autres initiatives lancées

– Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a lancé l’Initiative mondiale pour les tourbières qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre mondiales et sauver des milliers de vies en protégeant les tourbières, le réservoir de carbone de matière organique le plus important au monde.

L’initiative mobilisera les gouvernements, les organisations internationales et les scientifiques et conduira des efforts ciblés pour assurer la protection des tourbières qui contiennent presque 100 fois plus de carbone que les forêts tropicales.

– La Fondation Solar Impulse a lancé l’Alliance mondiale pour les technologies propres en héritage du premier tour du monde en avion solaire.

Son objectif est de fédérer les principaux acteurs du secteur des technologies propres afin de faciliter des synergies, promouvoir des solutions rentables aux défis environnementaux et sanitaires les plus pressants

– Le premier véhicule d’investissement privé en adaptation et en résilience, le Fonds d’investissement de Marrakech pour l’adaptation (MICA selon son sigle en anglais), est un fonds de 500 millions de dollars lancé en partenariat avec The Lightsmith Group (États-Unis), BeyA Capital (Afrique), et le FEM.

– Sur les quatre prochaines années Plan d’action climatique pour la région MENA vise à quasiment doubler lapart doubler la part du financement de la Banque mondiale consacrée à l’action climatique, ce qui la porterait à environ 1,5 milliard de dollars par an d’ici 2020.

Action mondiale pour le climat

D’autres annonces impressionnantes ont été faites par les villes, les gouvernements infranationaux, les investisseurs et les entreprises dans le cadre de l’action mondiale pour le climat menée par les Champions pour le climat, Laurence Tubiana et Hakima El Haïté.

« Par le biais de notre mandat de Championnes, nous avons renforcé la participation des acteurs non étatiques en encourageant une série d’initiatives, tant individuelles que coopératives. Le changement vers un avenir bas carbone et à une civilisation résiliente est quelque chose qui est irréversible », a déclaré la championne pour le climat Laurence Tubiana.

Les Championnes de haut niveau pour le climat ont lancé le Partenariat de Marrakech pour l’action mondiale en faveur du climat  afin de fournir une feuille de route solide sur la manière dont le processus de la CCNUCC catalysera et appuiera l’action climatique par les Parties et les parties prenantes non Parties au cours de la période 2017-2020.

Les annonces relatives aux événements du Programme de l’Action mondiale pour le climat de la COP22 comprennent :

– 19 autorités et échanges de marchés de capitaux africains, représentant 26 pays africains, ont signé et approuvé l’Engagement de Marrakech pour l’encouragement des marchés de capitaux verts en Afrique.

– La Commission de l’Union européenne a lancé le Fonds européen pour le développement durable afin d’encourager les investissements en Afrique et dans le voisinage de l’UE pour renforcer les partenariats et atteindre les objectifs de développement durable. Le plan implique :

Une valeur allant jusqu’à 4.1 milliards d’euros, entraînant un investissement régional public et privé allant jusqu’à 44 milliards d’euros d’ici 2020.

Une assistance technique pour aider les collectivités locales et les entreprises à développer des projets bancables et à améliorer les cadres de règles dans les pays partenaires.

Une amélioration du domaine des affaires en général par le soutien de réformes de la gouvernance économique.

Action pour le climat au sein des entreprises

– Le nombre d’entreprises qui prennent des engagements climatiques par le biais de la coalition We Mean Businessa plus que doublé depuis la COP21.

We Mean Business a annoncé qu’au total, 471 entreprises ayant une capitalisation boursière de plus de 8 mille milliards de dollars ont entrepris plus d’un millier d’engagements ambitieux en faveur de l’action climatique.

Ces entreprises représentent tous les secteurs mondiaux et couvrent toutes les régions géographiques du globe.

– L’initiative Science Based Targets continue son remarquable essor depuis Paris. À ce jour, près de 200 entreprises ont rejoint l’initiative et, au cours de l’année écoulée, sa croissance s’est élevée à plus de deux nouvelles entreprises par semaine.

Énergie

– À la COP22, la société indienne Dalmia Cement et le groupe d’assurance Helvetia se sont engagés à utiliser 100% d’énergie renouvelable dans leurs activités et à rejoindre RE100, initiative mondiale qui collabore avec plus de 80 des sociétés les plus influentes au monde.

– Philips Lighting et Swiss Re se sont engagés à doubler leur productivité énergétique et à rejoindre EP100, une campagne mondiale qui travaille avec les entreprises afin de maximiser les avantages économiques de chaque unité d’énergie consommée.

– Une nouvelle initiative menée par le secteur privé, la Renewable Energy Buyers Alliance (REBA) a été annoncée. REBA établit des liens entre la demande d’électricité des entreprises et l’approvisionnement en énergie renouvelable.

Les villes

– Les villes, les communes et les régions entraînent des répercussions importantes par la mise en œuvre de leurs engagements en matière de climat, en agissant localement et en formant des partenariats à l’échelle mondiale.

– Un nouvel outil d’évaluation présenté au cours de l’événement sur la résilience permettra d’établir des rapports qualitatifs normalisés à la Convention mondiale des maires sur les engagements relatifs à l’adaptation.

Forêts

– Le gouvernement indonésien a annoncé qu’il est en train de mettre en œuvre un moratoire sur la conservation des tourbières encore intactes et qui contiennent d’importants stocks de carbone. La mesure annoncée aujourd’hui s’ajoute à l’annonce faite par le président indonésien Joko Widodo lors de la Journée d’Action pour les Forêts de l’année dernière à Paris, de mettre fin aux nouvelles concessions de tourbières existantes, et d’examiner les existantes.

– La Colombie a annoncé son plan de fermer la frontière forestière, élément clé d’un futur post-conflit. Les efforts portent notamment sur le développement des terres non forestières, la mise en œuvre d’une réforme foncière solide et le placement de vastes étendues de forêt sous le contrôle des peuples autochtones.

– Un nouveau partenariat entre la FAO et Google a créé “Collect Earth”, un outil open source qui permet d’accéder à de vastes collections d’images satellitaires gratuites et à haute résolution et de cloud computing.

L’eau

– L’initiative De l’eau pour l’Afrique, mise en place par le Royaume du Maroc et soutenue par la Banque africaine de développement a été lancée à la COP22, dans le but de à rendre justice à l’Afrique par l’adoption d’un plan d’action spécifique qui mobilisera différents partenaires politiques, financiers et institutionnels internationaux.

– Les trois alliances pour les bassins, les mégalopoles et les entreprises, créées à la COP21 à Paris et fortement engagées dans l’action sur l’eau et le climat, qui représentent aujourd’hui plus de 450 organisations au travers du monde, ont signé un engagement commun à mobiliser conjointement leurs partenaires, à identifier et diffuser les bonnes pratiques et à soutenir le développement de nouveaux projets.

Transports

– La Global Fuel Economy Initiative (GFEI), qui soutient 40 pays supplémentaires dans la réalisation des bénéfices financiers et de CO2 provenant de l’efficacité accrue des carburants pour véhicules.

– Le Airport Carbon Accreditation Scheme compte désormais 173 aéroports certifiés dans le monde, dont 26 aéroports déjà neutres en carbone. 36% des passagers passent maintenant par un aéroport certifié.

– L’initiative MobiliseYourCity a obtenu un financement de 35 millions d’euros au cours des 12 derniers mois et saisit l’occasion de la COP22 pour annoncer la mise en place de Plans de mobilité urbaine durable au Maroc et au Cameroun.

Océans

– Le Royaume du Maroc a annoncé son Initiative Ceinture Bleue qui vise à construire la résilience des communautés côtières et à promouvoir une pêche et une aquaculture durables conformément aux attentes de l’Objectif 14 de développement durable.

– L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont annoncé leur initiative baptisée African Package for Climate-Resilient Ocean Economies, ensemble ambitieux d’assistance technique et financière pour soutenir les économies vivant de l’océan en Afrique et renforcer la résilience au changement climatique des zones côtières.

– Les partenaires de la COP22 pour l’action sur les océans ont publié une feuille de route stratégique pour des mesures en faveur des océans et du climat de 2016 à 2021, qui propose une vision de l’action sur les océans et le climat au cours des cinq prochaines années pour six océans.

Agriculture

– Le lancement de l’initiative Adaptation de l’agriculture africaine vise à renforcer la résilience des agriculteurs africains en promouvant une gestion durable des sols, une meilleure gestion de l’eau et une gestion des risques en même temps qu’un développement personnalisé des capacités, de politiques et de mécanismes de financement.

– Le lancement du Cadre mondial sur la pénurie d’eau aide les pays à intégrer le changement climatique et l’utilisation durable de l’eau dans les politiques des secteurs agricoles et le dialogue intersectoriel.

– 130 maires de villes du monde entier ont signé le Pacte de Milan sur les politiques alimentaires urbaines, qui appelle à des systèmes alimentaires durables qui favorisent l’accès à des aliments sains pour les citadins, la protection de la biodiversité et la réduction des déchets alimentaires.

Source : www.cop22.ma

FM2R.png  (458.79 Ko)
FM5R.png  (359.31 Ko)
FM4R.png  (418.35 Ko)