« Delta Blues » Julien Delmaire, musiques, misère et mystères


Vendredi 1 Octobre 2021


2021.10.01 - Delta blues - Julien Delmaire.mp3  (15.53 Mo)
Robert Johnson - Sweet home Chicago.mp3  (3.19 Mo)

Poète, slameur et écrivain talentueux, Julien Delmaire a publié « Delta Blues » chez Grasset cet été. Une immersion dans le Mississipi des années 30 en compagnie de bluesmen des origines. Willie Brown, Son House, Charley Patton ou encore Howlin’ Wolf sans oublier Robert Johnson dont la légendaire rencontre avec le diable est un mythe. Son jeu de guitare et ses chansons « Crossroad » « Love in vain » ou « Sweet Home Chicago » par exemple ont marqué des générations de musiciens. Mais si l’auteur donne traits et vies à ces artistes, il dresse aussi un tableau bien sombre du Deep South. La misère, le racisme, la docilité comme la révolte du peuple noir sont auscultés avec justesse. En face, l’exploitation, les richesses, la violence avec le sinistre Ku Klux Klan font le quotidien des blancs avec quelques rares exceptions. Comme ces émigrés allemands juifs tétanisés par la montée du nazisme dans leur pays où sont restés leurs enfants.
On joue, danse et chante partout dans le delta. Champs de coton, blanchisseries, bouis-bouis, pénitencier ou dans la rue, le rythme et la musique sont partout. A l’église aussi où la confrontation des croyances et rites catholiques et vaudous se heurtent ou se mélangent selon.
On suit la route de Betty, blanchisseuse au cœur et à la voix d’or, son mari le frêle Steve, sa tante l’étrange Sapphira sorcière crainte et respectée, des patrons de Juke-Joints, des moonshiners (nous sommes en pleine prohibition), des prostituées, un pasteur contesté et en face un shériff et son adjoint naturellement et foncièrement violents, des riches planteurs qui porteront leur sinistre accoutrement blanc (bien sûr) du Klan pour punir et martyriser les noirs récalcitrants. Sans oublier Legba, être surnaturel et sanguinaire.
Car à ce tableau social et historique s’ajoutent le vaudou, ses rites et ses divinités cruelles ou bienfaisantes. Des mystères souvent sanglants…
Pour qui aime la musique, « Delta Blues » est un roman passionnant mais aussi il captivera tout curieux des Etats-Unis, de la ségrégation et du racisme.
Présent lors des Correspondances de Manosque pour une lecture et brillamment accompagné par le guitariste Nicolas Repac, Julien Delmaire a fait une halte remarquée à la petite marmite, cantine participative de la cité de Giono. Il a aussi gratifié les spectateurs de quelques-uns de ses superbes poèmes.
François Malabave

Musique : Robert Johnson - Sweet home Chicago




Fréquence Mistral Manosque