Fréquence Mistral

ORINOCO - L'Argentine et les Noirs !


Vendredi 6 Octobre 2023

L’histoire niée et occultée : La historia negada


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Mensuel culturel et musical, entre chronique, anecdote et fiction radiophonique, proposé, préparé, présenté et réalisé par Gilles Bègue
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- Diffusion : Fréquence Mistral Digne le 1er vendredi du mois à 17h, rediffusé le lundi suivant à 21h ainsi que sur l’ensemble des antennes de Fréquence Mistral le dimanche à 13h et le lundi à minuit.
   Sujet sensible, s'il en est, la physionomie de l'argentin, comparée à celle de l'ensemble de ses voisins latinos, pose question. Le physique, l'apparence et la couleur de peau des sud américains, révèlent un passé tributaire d'une histoire assez mouvementée. Entre les populations autochtones et indigènes, indiens, andins, amérindiens, l'arrivée et l’installation des conquistadors espagnols ou portugais et  "l'importation" massive d'esclaves noirs venus d'Afrique, le faciès moyen des peuples de ce grand continent laisse apparaître un grand et profond métissage.
    Paradoxalement, l'argentin est blanc de blanc, comme si ce pays n'avait pas connu ce que l'ensemble de l’Amérique latine a enduré. Que vous preniez l'image de l’équipe championne du monde avec Lionel Messi à leur tête, le 15 des pumas argentins, les tennismen Del Potro, Nalbandian, Villas et les autres, le pape François, les musiciens connus, Astor Piazzolla, Lalo Schifrin et toutes les nouvelles stars jusqu'aux rappeurs et rappeuses qui cartonnent aujourd’hui, ils sont tous blancs! La population de Buenos Aires "Porteños" est blanche dans sa plus grande majorité tout comme la société rioplatense, les habitants de la région du Río de la Plata.
 
Pourquoi l’Argentine se revendique "nation de race blanche et de culture européenne"?
 
Pour tenter d’expliquer ce phénomène unique à l’Argentine et répondre à cette question, nous examinerons chronologiquement ces différents points:
  1. Un rapide examen sur l’état initial de la population  argentine et des provinces du Rio de la Plata.
  2. Quand, comment et dans quelle proportion les populations évoluèrent. ( notamment dû à l’arrivée massive d’esclaves noirs)
  3. Les raisons de la disparition brutale de ces populations noires.
  4. Les politiques qui menèrent à un blanchiment extrême de la population argentine.
  5. Le retour, progressif et difficile, vers les traces culturelles laissées par ces populations noires.
Ce programme n’est en rien un réquisitoire contre qui que ce soit, mais juste un petit pas en avant vers un récit historique trop longtemps oublié et vers une reconnaissance légitime de la place de l’Afrique dans la culture argentine.
Autre point à souligner: Les noirs en phase d’anéantissement, il restait encore le problème des indiens qui s’étaient surtout regroupés dans le centre, le sud et l’est du pays, les Mapuches, les tehuelches. Et là commença la "Conquête du Désert" en Argentine de 1878 à 1884, sous les ordres du général, et futur président, Julio Argentino Roca, provoquant un nombre considérable de morts et de déplacements de populations. Les survivants furent déplacés dans des zones hostiles de Patagonie. Les autorités emprisonnèrent plus de 10000 nativos, et en envoyèrent environ 3000 à Buenos Aires. On séparait les hommes des femmes afin d’éviter toute procréation d’enfants. Le gouvernement répartit les femmes dans la ville pour qu’elles y travaillent comme servantes, tandis que les hommes furent envoyés en prison sur l’île Martín García où ils moururent rapidement pour la plupart. En outre, de riches propriétaires terriens ou des politiques influents achetèrent les régions désertées.
Parmi les politiques qui menèrent à un blanchiment extrême de la population argentine au 20ème siècle, le premier point à évoquer rapidement, car contesté par personne, c’est l’immigration européenne qui donna naissance à une boutade bien connue en Amérique latine : Si les mexicains descendent des Aztèques, et les péruviens des Incas, les argentins descendent des bateaux.
Puis la natalité fut au centre des débats. La baisse de la natalité et le ralentissement de l’immigration transatlantique accréditèrent la crainte irraisonnée de l’« effondrement de la race blanche ».  Et c’est à partir de 1930 que la préoccupation pour la « quantité » et la « qualité » convergèrent.
 
C’est à vrai dire depuis ma rencontre avec Juan Carlos Cáceres, pianiste et trompettiste argentin, né à Buenos Aires en 1936 et décédé en avril 2015 en France, où il résidait depuis 1968, que j’entendais parler pour la première fois de la historia negada «l’histoire niée ». Ce « père du tango noir » expliqua sans relâche, le lien existant entre le tango, la milonga et les racines de la culture afro du Río de la Plata.
Énigme et polémique :  Il n'y a pas un oubli, sinon un refus de reconnaître la présence afro-américaine dans les racines du tango. La musique afro porteña, du candombé à la habanera, de la habanera au fandango, du fandango à la milonga et de la milonga au tango, jusqu’à la murga porteña ou Rio platense
 Il n’existe pas de pire révisionnisme que celui qui soutient l’inexistence d’une présence ou encore d’une influence de la race noire en Argentine.
 
Émission produite, préparée, présentée et réalisée par  Gilles Beg  
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