République de Venise. 1571. Le doge de la Sérénissime commande à Galactia, femme peintre, un tableau monumental pour célébrer la victoire des Vénitiens sur les Turcs lors de la bataille de Lépante. Elle choisira l’horreur au lieu de la grandeur, la chair à vif plutôt que l’apologie de la guerre. La lutte s’engage alors pour défendre la liberté créatrice face aux arcanes du pouvoir. Découpée en vingt épisodes d’un feuilleton haletant, cette pièce d’Howard Barker, aux enjeux tout à la fois politiques et esthétiques, questionne la place des femmes dans l’art en s’inspirant de la vie et de l’oeuvre d’Artemisia Gentileschi qui, à la même époque, dut se battre pour faire reconnaître son talent et s’affranchir des diktats sociaux. Pour ce texte acéré, à la langue crue et à l’humour mordant, Agnès Régolo imagine un jeu à vue qui nous laisse entrevoir les coulisses de la création, une scénographie à l’os faite de grands pontons rappelant le théâtre de tréteaux et des lumières jouant avec le clair-obscur.