Difficile de quitter la salle du Cinématographe à Chateaux-Arnoux après la projection d’Une Histoire de Fou de Robert Guediguian. Il est de ces films dont vous parlez longtemps encore après les avoir vus. Dont vous ne sortez pas indemne. Encore moins lorsque la magie des Rencontres d’automne, festival de cinéma de grande qualité permet un échange directe avec Monsieur Guediguian. Un dialogue qui a duré longtemps... Autant que l’absence du réalisateur au Cinématographe. Mais samedi dernier il était là.
Pour raconter une histoire qui mêle l’histoire avec un grand H, celle du génocide arménien du 24 avril 1915, et l’autre moins connue de celles et ceux qui se sont battus pour sa reconnaissance. Cela faisait un moment que Robert Guédiguian pensait à faire un film sur ses racines arméniennes, mais comment aborder l’histoire d’un peuple, son peuple, marqué à jamais par un génocide jamais reconnu par les bourreaux ? En choisissant un film didactique situé sur deux périodes clefs dans la lutte armée pour la reconnaissance du génocide arménien. Berlin, 1921 Soghomon Thelirian est déclaré non coupable par un juré populaire alors qu’il a abattu d’une balle dans la nuque un dignitaire turc, responsable du génocide de 1915. Il devient ainsi le héros révolutionnaire de tout un peuple. 60 ans plus tard, 1980, dans un quartier populaire de Marseille ville fétiche du réalisateur, le visage du révolutionnaire punaisé au dessus du lit semble défier le jeune Aram qui bascule dans le désir absolu de justice pour la reconnaissance d’un génocide qui décima un tiers de la population de son pays.
Quitte à appuyer sur le détonateur pour faire sauter la voiture d’un ambassadeur ottoman et à sacrifier les jambes de Gilles un jeune français là par hasard. S’ensuit alors une fuite en avant : du Liban pour rejoindre l’Alasa, l'Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie, en passant par le voyage d’amour inconditionnel d’une mère, la tendresse refoulée dans l'intégration à tout prix d'un père, la colère d’une victime sans oublier le besoin de comprendre, le pardon, le cycle infernal de la violence transgénérationnelle qui fait tellement écho à l’actualité israélo palestinienne.
Et pour fil rouge une question : comment et jusqu’où vivre son arménité, celle d’un peuple génocidé ? Guédiguian propose une vision ouverte, celle d’un film choral où chaque personnage danse à sa façon son Arménie. Point de manichéisme chez le cinéaste marseillais. Quelques certitudes pourtant. Si la fin ne justifie pas les moyens, qui veut la fin veut les moyens…Et puis Anouch, ultime certitude incarnée par une Ariane Ascaride, bonne mère entre toutes, irradiée de lumière d’un côté comme de l’autre de la caméra. Quant au réalisateur il fait toujours du cinéma debout, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup, ça veut dire qu'il était libre, libre de filmer une Arménie universelle et internationale d’humanité.
Camille Garcia
Pour raconter une histoire qui mêle l’histoire avec un grand H, celle du génocide arménien du 24 avril 1915, et l’autre moins connue de celles et ceux qui se sont battus pour sa reconnaissance. Cela faisait un moment que Robert Guédiguian pensait à faire un film sur ses racines arméniennes, mais comment aborder l’histoire d’un peuple, son peuple, marqué à jamais par un génocide jamais reconnu par les bourreaux ? En choisissant un film didactique situé sur deux périodes clefs dans la lutte armée pour la reconnaissance du génocide arménien. Berlin, 1921 Soghomon Thelirian est déclaré non coupable par un juré populaire alors qu’il a abattu d’une balle dans la nuque un dignitaire turc, responsable du génocide de 1915. Il devient ainsi le héros révolutionnaire de tout un peuple. 60 ans plus tard, 1980, dans un quartier populaire de Marseille ville fétiche du réalisateur, le visage du révolutionnaire punaisé au dessus du lit semble défier le jeune Aram qui bascule dans le désir absolu de justice pour la reconnaissance d’un génocide qui décima un tiers de la population de son pays.
Comment et jusqu’où vivre son arménité, celle d’un peuple génocidé ?
Quitte à appuyer sur le détonateur pour faire sauter la voiture d’un ambassadeur ottoman et à sacrifier les jambes de Gilles un jeune français là par hasard. S’ensuit alors une fuite en avant : du Liban pour rejoindre l’Alasa, l'Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie, en passant par le voyage d’amour inconditionnel d’une mère, la tendresse refoulée dans l'intégration à tout prix d'un père, la colère d’une victime sans oublier le besoin de comprendre, le pardon, le cycle infernal de la violence transgénérationnelle qui fait tellement écho à l’actualité israélo palestinienne.
Et pour fil rouge une question : comment et jusqu’où vivre son arménité, celle d’un peuple génocidé ? Guédiguian propose une vision ouverte, celle d’un film choral où chaque personnage danse à sa façon son Arménie. Point de manichéisme chez le cinéaste marseillais. Quelques certitudes pourtant. Si la fin ne justifie pas les moyens, qui veut la fin veut les moyens…Et puis Anouch, ultime certitude incarnée par une Ariane Ascaride, bonne mère entre toutes, irradiée de lumière d’un côté comme de l’autre de la caméra. Quant au réalisateur il fait toujours du cinéma debout, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup, ça veut dire qu'il était libre, libre de filmer une Arménie universelle et internationale d’humanité.
Camille Garcia
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Robert Guédiguian.mp3 (6.01 Mo)
La bande-annonce du film (sortie 11 novembre 2015)
écouter l'interview intégrale
Durée : 12'
Robert Guégiguian raconte son film et revient sur son attachement à l'internationalisme et au communisme
Robert Guégiguian raconte son film et revient sur son attachement à l'internationalisme et au communisme
Robert Guediguian, itw intégrale.mp3 (10.73 Mo)