Fenêtre sur la jeunesse d'un camp palestinien en Syrie : les chebabs de Yarmouk

Les « chebabs » de Yarmouk, c’est avant tout des toits, et une bande de potes qui vit dans ces appartements sommaires où les terrasses en hauteur sont les seuls endroits qui flirtent avec le ciel et l'espérance plutôt qu'avec les moukhabarat, la police secrète syriennese connaissent depuis . Ils se connaissent depuis l’adolescence… Ils ont les mêmes préoccupations que tous les jeunes gens : que vais-je faire de ma vie, quel sera mon avenir ? Une préoccupation universelle. Sauf qu’eux sont nés dans le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Moyen Orient, créé en Syrie en 1957, le camp de Yarmouk. Contrairement à leurs parents ou grands parents, ils ne rêvent plus d’un retour en Palestine. Ils cherchent même à échapper au service militaire obligatoire dans l’armée syrienne pour la libération de la Palestine*.

Sauf que sans armée point de salut, point d’avenir. Leur soif de vivre, leur désir de révolte se heurtent aux murs du camp, de ceux qui emmurent aussi votre esprit et vos envies. Certains pourtant y sont attachés à ce quartier, à l’image de Hassan qui rêve de faire vivre Yarmouk par le théâtre, sa passion. D’autres rêvent de partir comme Samer, amoureux d’une Polonnaise...
A la veille de la Révolution en Syrie, Axel Salvatori, le réalisateur a réussi à filmer avec une grande sensibilité  et de justesse et beaucoup de pudeur les rêves, les doutes, les amours, les choix existentiels de ces jeunes gens qui nous ressemblent. Il a d’ailleurs partagé un bout de vie avec chacun d’entre eux de 2009 à 2011.

Un film qui réussit à marier force et finesse, plans soignés et images rares et poignantes du quotidien -vu des toits pour échapper à la censure - dans ce camp désormais presque entièrement détruit par la guerre qui sévit en Syrie suite à la Révolution syrienne de mars 2011. Axel Salvatori filme ainsi, sans le savoir, les derniers moments ensemble de cette bande qui a depuis perdu l'un des siens, et s'est disséminée en Europe et ailleurs. Poignant. A voir absolument. Yallah chebabs, en arabe allez les gars (et les filles) courrez au cinéma voir ce documentaire !

Camille Garcia
 

La torture, encore et toujours en Syrie

Dans le grand cortèges des journées de…aujourd’hui c’est la journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture. L’occasion de refaire un parallèle avec les Chebabs de Yarmouks et la Syrie, où 4 ans après les débuts de la révolte la situation ne fait que s’aggraver. De nombreux prisonniers politiques ont subit la répressions, même s'ils la subissaient déjà avant lors du régne du père de Bachar-al-Asad, Hassan-al-Assad. Brûlures à l'acide», «recours à l'électricité», «arrachage des ongles»: le rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW) dresse un terrifiant état de la torture pratiquée par les services de renseignements syriens contre les opposants au régime de Bachar el-Assad. Selon ce rapport, la moukhabarat (police secrète) «dirige un archipel de la torture» pratiquée dans 27 centres disséminés à travers le pays.

 

 
 
 

Liens utiles:

Le site officiel du film avec les séances à retrouver http://leschebabsdeyarmouk.com/

Une interview de François Burgat, ancien directeur de l’IFPO (Institut Français du Proche-Orient à Damas en Syrie, sur RFI

A lire sur Libération, Yarmouk nouvelle tragédie palestinienne