Fréquence Mistral

Jean Fabre, de la chimie à l’ONU : l’humain comme dénominateur commun


Jeudi 29 Octobre 2015


Les 9 et 10 octobre derniers lors des rencontres Envie d’Humanité organisées par Philippe Courbon à l’espace culturel Bonne Fontaine de Forcalquier,  nous avons rencontré un électron libre à l’œil malicieux (mais qui n’aime pas l’atome pour autant). Peut-être parce qu’il est né dans une famille pas comme les autres -ses deux parents étaient sourds – comme dans le récent film la Famille Bélier, Jean a appris à oser. Oser handicap ou pas. Oser s’indigner. Oser la fraternité tout simplement. Son premier acte de résistance : devenir objecteur de conscience face à l'armée. Emprisonné en région parisienne, il devient par la suite l’un des principaux artisans de l’abolition des tribunaux militaires en temps de paix en France.

D’abord diplômé comme ingénieur en physique, il rejoint rapidement le Mouvement International de Réconciliation dont il devient Secrétaire international. En 1978, ses pas le mènent vers l’Italie où il intègre le Partito Radicale. Une expérience politique qui va le marquer profondément vous l’entendrez dans l'interview ci-dessous. Ses combats sont multiples avec un dénominateur commun l’humain : l’arrêt du nucléaire, la lutte contre la pauvreté ou la faim dans le monde. Il finit ainsi logiquement par être appelé par l’ONU, d’abord à la communication, puis 10 ans durant comme directeur adjoint du Programme des Nations Uni pour le développement (PNUD) de 1998 à 2008.
"Tout est à portée de main pour le meilleur et pour le pire"

Entre temps de 1970 à 1980, il parvient à mobiliser pas moins de 120 lauréats de Prix Nobel dans une campagne internationale citoyenne pour mobiliser les gouvernements contre la faim dans le monde "Survie". Ce combat aboutit à la création de plusieurs fonds nationaux à cet effet en Italie ou en Belgique. (Voir vidéo plus bas).

« Nous vivons à une période d’immenses changements, en quantité, qualité et rapidité…Le progrès dans tous les domaines donne l’impression que tout est à portée de mains, pour le meilleur et pour le pire », analyse-t-il…. Pour cet homme discret et humble malgré un CV impressionnant, l’humain doit se reposer des questions sur notre façon d’être ensemble notamment, mais aussi sur le fait de retrouver l’éthique le sens et la mesure, se reconnecter à sa mère-nature, philosopher et s’interroger « pourquoi cette démesure ? Pourquoi lorsqu’un bien devient rare, devient-il cher au lieu d’être partagé ? » On serait tenté de répondre la peur ou la bêtise. Quoiqu'il en soit :  « cette fracture vient de l’intérieur de l’humain ». Et nous avons la capacité de changer.

L’une des pistes défendues par Jean Fabre est celle de l’Economie sociale et solidaire*. « C’est la voie essentielle pour réussir le 21ème siècle ». Il a d’ailleurs toujours dans sa poche quelque Léman, la monnaie locale utilisée à Genève où il vit… Je vous propose de l’écouter évoquer son incroyable parcours, l’utilité certaine d’institutions comme l’ONU et l’impératif absolu pour l’humanité à se reposer la question de la fraternité. Dans son sens étymologique de frater, le genre humain. Le dénominateur commun de toutes les vies de Jean Fabre.
 
Camille Garcia
 
*Membre du comité scientifique des Rencontres du Mont Blanc (qui rassemble les principaux acteurs de l’ESS au niveau international)

** Il était accompagné de Muriel Scibilia , auteure de "côté nuit côté soleil : des jeunes racontent leur traversée du cancer.

Pour aller plus loin

Le site du PNUD
Le site  du Comité Scientifique du Mont Blanc pour l'ESS
 

écouter ou télécharger

jean_fabre.mp3 Jean Fabre.mp3  (18.17 Mo)


écouter la version intégrale de l'interview

jean_fabre_version_longue.mp3 Jean Fabre version longue.mp3  (12.61 Mo)


Le coup de colère de Jean Fabre en 1983, vidéo INA



Muriel Scibilia et Rama Mani@C.G
Muriel Scibilia et Rama Mani@C.G



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